L’initiation d’un homme : 1917

Martin Howe était assis à une table sur le trottoir, sous le store bis d’un restaurant. En face, dans les derniers rayons du soleil aux reflets de topaze, le feuillage du jardin du Luxembourg luisait d’un vert éclatant au-dessus d’allées profondes aux ombres bleues. Sur les trottoirs, face aux maisons qui se teintaient de mauve, se dressaient de petits kiosques aux afffiches voyantes, orange, vermillon, bleu. Dans le centre du triangle formé par les rues et le Jardin, un bassin rond dont l’eau semblait de jade. Martin, le dos contre sa chaise penchée en arrière, regardait, les paupières mi-closes, en rêvant et en aspirant profondément de temps à autre l’odeur de Paris, le parfum de moisi qui se mélangeait à l’arôme frais, fondant , des fraises des bois sur son assiette.

John Dos Passos, L‘initiation d’un homme: 1917 

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