C’est bien ce que je pensais…

« Il n’était point mauvais que Baryton {l’employeur du narrateur} me considérât dans mon ensemble avec quelque mépris. Un patron se trouve toujours un peu rassuré par l’ignominie de son personnel. L’esclave doit être coute que coute un peu et même beaucoup méprisable. Un ensemble de petites tares chroniques morales et physiques justifie le sort qui l’accable. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve à sa place méritée.

L’être dont on se sert doit être bas, plat, voué aux déchéances, cela soulage, surtout qu’il nous payait tout à fait mal Baryton. Dans ces cas d’avarices aigües les employeurs demeurent un peu soupçonneux et inquiets. Raté, débauché, dévoyé, dévoué, tout s’expliquait, se justifiait et s’harmonisait en somme. Il ne lui aurait pas déplu à Baryton que j’aye été un peu recherché par la police. C’est ça qui rend dévoué. »

Céline, Voyage au bout de la nuit

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