“Sur l’Ancienne Terre, je composais mes poèmes sur un processeur de pensée persoc Sadu-Dekenar, affalé dans un fauteuil rembourré à dossier inclinable, ou bien flottant dans ma barge EM au-dessus des sombres lagunes, ou encore en me promenant à pied, absorbé dans mes pensées, dans des berceaux de verdure odoriférants. Les produits exécrables, mous du poignet, indisciplinés et flatulents de ces réveries créatrices ont déjà été décrits.
Mais sur Heaven’s Gate, j’avais découvert les vertus stimulantes pour l’esprit du travail physique et devrais-je dire plutot du travail physique brise-membres, éclate-poumons, tord-entrailles, déchire-ligaments et rompt-les-couilles. Mais tant le labeur est pesant et répétitif, découvris-je, l’esprit n’est pas seulement libre de vagabonder vers des climats plus cléments, il s’envole littéralement vers les cimes.
Sur Heaven’s Gate, tout en raclant la merde des canaux à boue dans la lumière rouge de Véga Primo, tout en rampant sur les mains et sur les genoux parmi les stalactites et les stalagmites des bactéries de recyclage qui tapissaient les conduites labyrinthiennes de la station, je devins poète.
Tout ce qu’il me manquait , c’était les mots.”
Dan Simmons, Hypérion