Les Bandar-log

« Ce que Baloo avait dit des singes était parfaitement vrai. Ils appartenaient aux cimes des arbres ; et, comme les bêtes regardent très rarement en l’air, l’occasion ne se présentait guère pour eux et le Peuple de la Jungle de se rencontrer ; mais, toutes les fois qu’ils trouvaient un loup malade, ou un tigre blessé, ou un ours, les singes le tourmentaient, et ils avaient coutume de jeter des bâtons et des noix à n’importe quelle bête, pour rire, et dans l’espoir qu’on les remarquerait. Puis ils criaient ou braillaient à tue-tête des chansons dénuées de sens ; et ils provoquaient le Peuple de la Jungle à grimper aux arbres pour lutter avec eux, ou bien, sans motif, s’élançaient en furieuses batailles les uns contre les autres, en prenant soin de laisser les singes morts où le Peuple de la Jungle pourrait les voir. Toujours sur le point d’avoir un chef, des lois et des coutumes à eux, ils ne s’y résolvaient jamais, leur mémoire étant incapable de rien retenir d’un jour à l’autre ; aussi arrangeaient-ils les choses au moyen d’un dicton : « Ce que les Bandar-log pensent maintenant, la Jungle le pensera plus tard », dont ils tiraient grand réconfort. Aucune bête ne pouvait les atteindre, mais, d’un autre côté, aucune bête ne faisait attention à eux, et c’est pourquoi ils avaient été si contents d’attirer Mowgli et d’entendre combien Baloo en ressentait d’humeur. »

Rudyard Kipling, Le Livre de la jungle

Cette entrée a été publiée dans Lire, Vivre, avec comme mot(s)-clef(s) , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Les Bandar-log

Répondre à Chewie Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *